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1. La Martinique avant la Grande Guerre

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1.1 La métropole, la mère Patrie

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D’après l'historienne martiniquaise Sabine Andrivon-Milton, dans son ouvrage « La Martinique et la Grande Guerre » [1]  : « Appliquer le service militaire dans les colonies c’était aussi reconnaître les hommes comme des citoyens à part entière, faisant partie de la Nation française. Pour les hommes politiques, le fait que les Martiniquais ne puissent pas verser leur sang pour la Mère-Patrie signifiait que la France ne les considérait pas comme de vrais Français. […] Si les Martiniquais tenaient tant à effectuer leur service militaire, c’est parce que tous croyaient que l’armée était l’école de l’égalité pour les riches, les pauvres, les noirs, les blancs, les nobles. Les roturiers étaient soumis à la même discipline, astreints aux mêmes obligations, traités de la même façon. Et cela, ils l’avaient toujours recherché depuis l’abolition de l’esclavage. » Ainsi, les martiniquais voyaient dans la mise en place du service militaire sur leur île un moyen d'être considérés comme des citoyens français à part entière. 

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Le sentiment de la Patrie était omniprésent en Martinique, autant dans les livres et manuels scolaires que dans les cœurs des Martiniquais. Les Martiniquais ont voulu montrer qu’ils aimaient la France en versant leur sang pour elle et en la défendant. Ils parlaient alors de « L’impôt du sang ».

 

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1.2 La mise en place du service militaire en Martinique

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Le service militaire est instauré en Martinique en 1913 pour tous les hommes pendant 3 ans. Ainsi, les hommes martiniquais qui partaient étaient en retard de formation sur les Français qui eux étaient formés via le service militaire mis en place depuis plusieurs décennies en métropole. Les locaux ne savaient même pas tenir une arme à leur départ pour la métropole. Ils étaient bien souvent mal vus de l'état-major français. C'est vers la fin de la guerre qu'ils ont été mieux considérés. C’est par le conseil de révision que le recrutement était effectué qui suite au recensement pratiqué dans chaque commune convoquait tous les jeunes en âge de combattre, à savoir de 20 à 35 ans. Un examen médical était effectué pour savoir s’ils étaient aptes à combattre et quand ils étaient aptes, ils étaient déclarés «  BSA » (Bon Service Armée). Ceux qui n'étaient pas retenus n'obtenaient qu'un sursis et effectuaient un métier qui nécessitait leur maintien dans la colonie. Après avoir été retenu, le soldat était formé pendant 2 mois à la campagne ou sur la Place de la Savane où il apprenait à faire des tranchées.

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Les autorités militaires en Métropole étaient extrêmement réticentes à mettre en place le service militaire en Martinique et en Guadeloupe. Ces réticences étaient dues tout d’abord  à la distance, la Martinique et la Guadeloupe étant considérées comme des îles du «bout du monde ». D'autre part,  le manque d’effectifs nécessaire pour la formation était insuffisant, en effet en Martinique il y avait très peu de formateurs donc les hommes destinés à partir au front ne possédaient ni les compétences, ni la formation.  De plus, il y avait les préjugés ; pour les métropolitains les soldats antillais étaient considérés comme des « hommes sans expérience », « des illettrés »,  « des médiocres » à cause de leur manque d’éducation et de leur manque d’instruction. La couleur de la peau, le racisme venait se rajouter aux préjugés. A cette époque,  les hommes de couleur « ébène » étaient considérés  comme de moindre valeur : « Le soldat créole est très peu consciencieux, paresseux, lent, maladroit et peu soigneux il est très difficile de lui inculquer des habitudes militaires d’ordre et d’exactitude à cause de son indolence naturelle » [2] . 

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[1] Andrivon-Milton, S. (2005). « La Martinique et la Grande Guerre ». Éditions L'Harmattan.

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[2]  Klaerr, M. Les soldats antillais et les Antilles pendant la première guerre mondiale - Quelques éléments historiques [En ligne].(Page consultée le 09/04/2018). http://videlaine.com/misesafeu14-18/wp-content/uploads/Intervention-du-samedi-28-novembre-2015.pdf

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